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Health and Disease

In what ways are followers of Jesus demonstrating God's loving character through caring for the sick, preventing disease, and even attempting to eradicate some diseases?

Photo credit: Sanofi Pasteur - Flickr

Conséquences et remèdes pour l'élimination inadéquate des déchets hospitaliers au Cameroun

WCIU Journal: Health and Disease Topic

January 6, 2020

by Samuel-Béni Ella Ella, Maître de Conférences, Département de Sociologie, FALSH, UY1 (Associate Professor, Department of Sociology, FALSH, UY1), and Louise Chrésance Silinou, doctoral student

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Introduction

D’après l’OMS (2011), l’élimination inadéquate des déchets hospitaliers a causé 21 millions d’infections à virus de l’hépatite B, 2 millions pour l’hépatite C et au moins 260 000 infections à VIH dans le monde en 2000. La même étude démontre que 18 à 64% des formations sanitaires au Sud du Sahara n’éliminent pas correctement leurs déchets, qui constituent pourtant « un réservoir de micro-organismes potentiellement dangereux et susceptibles d’infecter les malades hospitalisés, le personnel de santé et le grand public » (OMS, 2015). Pour remédier à cette situation dangereuse, L’État camerounais a pris des mesures politiques et financières (A. Ngapout, 2014 : 14). Malgré toutes ces mesures prises, P. B. Eloundou Messi et A. Djenadek (2016) ont constaté que la gestion des déchets hospitaliers est un réel problème dans la ville de Yaoundé.  C’est notamment le cas au CHUY (L. C. Silinou, 2018). Au point que la question se pose de savoir : quels sont les facteurs profonds et les effets pervers de la gestion non durable des déchets solides hospitaliers au CHUY ? Par anticipation, l’on peut dire que la gestion des déchets solides hospitaliers au CHUY, qui entraine des risques et méfaits aux plans sanitaire et environnemental, est causée par des facteurs endogènes et exogènes au CHUY. Au plan scientifique, cette étude s’inscrit dans le champ de la sociologie de l’environnement. Au plan méthodologique, trois principales techniques ont permis de recueillir les informations analysées ici, à savoir : la recherche documentaire, l’observation directe et 26 entretiens semi-directifs réalisés avec les acteurs institutionnels et le personnel du CHUY. Après les analyses conceptuelle et institutionnelle (1), la réflexion sociologique s’appesantit, tour à tour, sur les causes profondes de la gestion inadéquate des déchets solides hospitaliers au CHUY (2), avant de scruter les risques liés à cette gestion inadéquate et leurs méfaits sur la santé et l’environnement (3).

Les paramètres de la gestion durable des déchets solides hospitaliers au Cameroun

Dans ce premier paragraphe de l’article, il est question d’abord de clarifier les notions-clés de l’étude (analyse conceptuelle), et ensuite de sociographier la politique nationale de gestion rationnelle des déchets hospitaliers au Cameroun (analyse institutionnelle).

Analyse conceptuelle

D’après la Stratégie nationale de gestion des déchets au Cameroun (2007 : 71), les déchets solides hospitaliers ou encore les déchets biomédicaux sont l’ensemble des résidus provenant des activités de diagnostic, de suivi et de traitement préventif, curatif et palliatif dans le domaine de la médecine. Aussi les classe-t-on en quatre principales catégories, à savoir : les déchets hospitaliers assimilables aux déchets ménagers (DAS) ; les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) ; les déchets pharmaceutiques et les déchets à forte teneur en métaux lourds et les déchets métalliques

Encore appelés déchets ordinaires, les déchets assimilables aux déchets ménagers (DAS) représentent 85% des déchets hospitaliers. Ils proviennent des bureaux administratifs, cantines, jardins et de l’entretien des bâtiments de l’hôpital (papiers, cartons, déchets de cuisine, etc).

Les déchets d’activité de soins à risque infectieux (DASRI) ou déchets susceptibles d’engendrer une contamination microbiologique représentent 15% de l’ensemble des déchets hospitaliers, et proviennent des laboratoires de microbiologie, des interventions chirurgicales, des autopsies des patients infectieux, des actes de soins mettant les objets en contact avec les patients infectés. B. Chardon (sd), citant l’OMS, distingue les DASRI : dits ‘’souillés’’ (flacons de produits sanguins à usage thérapeutique incomplètement utilisés ou arrivés à péremption, tubes de prélèvement de sang, dispositifs de drainage, poches d’urine) ; dits ‘’infectieux’’ (déchets des malades infectieux, échantillons diagnostics jetés, écouvillons, tampons, pansements, appareils divers contaminés) ; anatomiques (prélèvements cutanés, kystes, fibromes, placentas, fœtus issus d’avortements spontanés et tissus cutanés prélevés pour examen) et ceux dits tranchants ou piquants (seringues, aiguilles, scalpels, lames, rasoirs jetables, pinces et bistouris).

Les déchets pharmaceutiques sont issus des médicaments et divers produits chimiques inutilisés, périmés ou contaminés provenant des services hospitaliers et des unités de soins, de vaccin et de sérum (comprimés, sirops).

Les déchets à forte teneur en métaux lourds sont des déchets qui contiennent des métaux lourds, comme les thermomètres, qui contiennent du mercure. Alors que les déchets métalliques sont des morceaux de fer en métal lourd provenant des lits d’hôpitaux, étagères et chaises.

Par ailleurs, l’article 4 (p) de la loi-cadre du 05 août 1996 définit « la gestion rationnelle des déchets » comme : « toutes mesures pratiques permettant d’assurer que les déchets sont gérés d’une manière qui garantissent la protection de la santé humaine et de l’environnement contre les effets nuisibles que peuvent avoir ces déchets ». Autrement dit, la gestion durable, rationnelle ou adéquate des déchets est un processus qui intègre, à la fois, leur traitement et leur valorisation.

Le traitement des déchets solides hospitaliers (DSH)

Il désigne toute opération physique, thermique, chimique ou biologique conduisant à un changement dans la nature ou la composition des déchets, en vue de réduire le potentiel polluant ou le volume et la quantité du déchet, ou d’en extraire la quantité recyclable (article 2 du décret du 26/09/2012). Ainsi, le traitement des DSH s’effectue de cinq principales manières, dont : l’enfouissement, la désinfection chimique, la désinfection thermique, l’encapsulation et l’incinération.

L’enfouissement est l’élimination des déchets de soins médicaux non traités par dépôt dans une décharge contrôlée. Les éléments essentiels à prendre en compte dans la conception et l’utilisation d’une décharge contrôlée sont les suivants : accès contrôlé et limité ; planification des zones de dépôt ; imperméabilisation du fond de la décharge ; pas de source d’eau potable ou puits à proximité ; pas de dépôt de produits chimiques ; couverture journalière des déchets et contrôle des vecteurs (insectes, rongeurs, etc.) ; couverture finale pour éviter l’infiltration des eaux  de pluie ; collecte et traitement des lixiviats. Idéalement, la fosse d’enfouissement devrait être enrobée de matériaux à faible perméabilité (comme l’argile) pour empêcher la pollution des eaux souterraines peu profondes, et clôturée pour que les récupérateurs d’ordures n’y accèdent pas. Les déchets de soins médicaux doivent être immédiatement ensevelis sous une couche de terre après chaque déchargement. Pour une protection sanitaire accrue (en cas d’épidémie) ou pour la suppression des odeurs, il est suggéré que de la chaux soit versée sur les déchets. Une fois remplie, cette fosse devrait être scellée.

La désinfection chimique est un type de traitement utilisé le plus souvent pour les déchets infectieux, afin de détruire les germes pathogènes présents dans ces déchets, et les mettre ensuite dans une décharge. Cette désinfection se fait par immersion ou trempage du déchet dans une solution contenant des produits désinfectants (eau de javel, autres acides).

La désinfection thermique, quant à elle, se fait soit par micro-onde ou par autoclave. La désinfection thermique par micro-onde est basée sur l’utilisation d’un champ électromagnétique à haute énergie, qui chauffe rapidement le liquide contenu dans le déchet causant la destruction d’éléments infectieux. L’autoclavage, quant à lui, est un processus thermique à température peu élevée conçu pour mettre la vapeur saturée sous pression directement en contact avec les déchets pendant un temps suffisant pour les désinfecter. Sans danger pour l’environnement, l’autoclavage nécessite, dans la plupart des cas, l’électricité. Les déchets sortis de l’autoclave sont des matériaux non dangereux, qui peuvent être mis en décharge avec les déchets municipaux.

L’encapsulation consiste à remplir les conteneurs avec les déchets, à ajouter un matériau immobilisant (mousse plastique, sable bitumineux, chaux, mortier de ciment, argile) et à sceller les conteneurs. Après séchage, le conteneur est hermétiquement fermé et éliminé dans une décharge ou une fosse d’enfouissement.

L’incinération consiste à l’oxydation des matériaux combustibles contenus dans les déchets, en vue de réduire leur volume et leur dangerosité, tout en capturant ou détruisant les substances potentiellement nocives rejetées lors de l’incinération.

La valorisation des déchets solides hospitaliers

La valorisation des déchets solides hospitaliers consiste à leur donner une valeur économique positive, dans le cadre de l’économie verte, entendue ici toute activité économique entrainant « une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et les pénuries des ressources » (S-B. Ella Ella, 2016 : 39). Aussi distingue-t-on, à cet effet, deux principaux modes de valorisation des déchets, à savoir : les mâchefers et le recyclaLes mâchefers sont les résidus solides provenant de la combustion des déchets. D’une part, ces résidus comprennent certains éléments métalliques, qui peuvent être retirés dans un but de recyclage. Et d’autre part, un certain taux de minéraux, qui peut être utilisé comme matériau de substitution en technique routière.

Le recyclage est la réintroduction directe d’un déchet dans le cycle de production dont il est issu, en remplacement total ou partiel d’une matière neuve (article 2 du décret du 26/09/2012), en vue d’utiliser le déchet et non d’éliminer son potentiel de contamination. Le recyclage passe par des étapes bien établies (le tri des déchets produits, leur collecte, leur transport et leur stockage).

Le tri des déchets, qui est la première étape du recyclage, consiste à la séparation des déchets sur la base de leurs propriétés dangereuses. Ainsi, il permet de diminuer les risques d’infections et de réduire les coûts du traitement, s’il est bien effectué. Une manière d’identifier les catégories de déchets hospitaliers solides est de les disposer selon les couleurs et dans les sacs et conteneurs clairement étiquetés. L’application du système de code couleur vise à assurer une identification immédiate et non équivoque du risque associé au type de déchets à valoriser.

La collecte des déchets est le trajet des déchets depuis la zone de production jusqu’à la zone de stockage. Cette collecte doit se faire non seulement de façon régulière, mais aussi selon les types de déchets, afin d’éviter des accumulations de déchets dans les unités de production. Le transport des déchets, quant à lui, s’effectue, soit dans l’enceinte de l’hôpital (à l’aide des charriots, de la zone de production à la zone de stockage) ; soit hors site (à l’aide des camions appropriés de la société agréée par la formation hospitalière).

Le stockage est l’endroit où les déchets sont entreposés avant leur traitement. Les délais de stockage sont de 24h en saison sèche et de 48h en saison des pluies. L’hôpital doit disposer de deux endroits distincts de stockage : l’un pour les déchets ménagers et l’autre pour les déchets DASRI. Ces locaux de stockage doivent respecter un certain nombre de critères, à savoir : éloignement des locaux de stockages des malades ; zone fermée, couverte et protégée du soleil ; accès limité strictement au personnel en charge de la collecte ; sol imperméable et paroi facilement lavable ; zone inaccessible aux animaux, insectes et rongeurs ; éclairage et aération assurés ; accès facile au moyen des transports internes et externes.

La politique nationale de gestion des déchets solides hospitaliers au Cameroun

Ce deuxième paragraphe de l’article met en exergue les différentes normes instituées, les stratégies adoptées et les institutions mises en place au Cameroun dans le domaine de la gestion durable des déchets hospitaliers.

Le cadre juridique de gestion durable des déchets solides hospitaliers au Cameroun

Il se subdivise en conventions internationales et règlements purement nationaux.

Pour ce qui est des conventions internationales, l’article 45 de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996 stipule que « les traités et accords internationaux régulièrement approuvés ou ratifiés ont dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois». De ce fait, le protocole de Kyoto est la principale convention applicable en matière de gestion des déchets hospitaliers au Cameroun. Ratifié par le Cameroun le 23 juillet 2002, le protocole de Kyoto vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à travers son mécanisme de développement propre (article 12), qui promeut la valorisation des déchets.

Au plan national, cinq principaux textes réglementaires sont en vigueur en matière de gestion des déchets solides hospitaliers, à savoir : la loi-cadre relative à la gestion de l’environnement, la loi portant sur les déchets toxiques et dangereux, le décret du 26/09/2012, la décision du 26/04/2006 et l’arrêté du 15/10/2012.

L’article 42 de la loi-cadre de 1996 stipule que « les déchets doivent être traités de manière écologiquement rationnelle, afin d’éliminer ou de réduire leurs effets nocifs sur la santé de l’homme, les ressources naturelles, la faune et la flore et sur la qualité de l’environnement en général ». Et l’article 43 (1) ajoute que « toute personne qui produit ou détient des déchets doit en assurer elle-même l’élimination ou le recyclage, ou les faire éliminer ou recycler auprès des installations agrées par l’Administration chargée des établissements classés après avis obligatoire de l’Administration chargée de l’environnement ». Dans le souci de rendre cette loi coercitive, l’article 82 (1, 2) prévoit des sanctions civiles et pénales : « est punie d’une amende de un million à cinq millions et d’une peine d’emprisonnement de six mois à un an ou de l’une de ses deux peines seulement, toute personne qui pollue, dégrade les sols et sous-sol, altère la qualité de l’air ou des eaux », et le montant des peines est doublé en cas de récidive.

La loi portant sur les déchets toxiques et dangereux règlemente le processus de gestion des déchets et interdit le déversement des déchets toxiques et dangereux (comme les déchets radioactifs hospitaliers) sur le territoire national. 

Le décret du 26/09/2012, quant à lui, s’applique à plusieurs types de déchets, dont les déchets hospitaliers (article 3, 1). Selon l’article 12 (1, 3) dudit décret, les déchets médicaux et pharmaceutiques font l’objet d’une gestion spécifique, afin d’éviter toute atteinte à la santé humaine et à l’environnement. Et le Ministère en charge de l’Environnement doit fixer (par arrêté) les conditions spécifiques de gestion de ces déchets. Par ailleurs, l’article 30 (1, 2) de ce décret stipule aussi que « les activités de collecte, de transport et d’élimination finale des déchets sont soumises au contrôle périodique des autorités des administrations compétentes » et que « les collecteurs, les transporteurs et les destructeurs des déchets fournissent toutes les informations nécessaires aux agents de contrôle ». Enfin, l’article 33(1) énonce que les produits pharmaceutiques, des laboratoires biomédicaux et tout autre produit avarié et périmé sont interdits d’abandon dans la nature et de brûlage à l’air libre.

La décision ministérielle du 26/04/2006 institue la création d’une unité d’hygiène hospitalière (UHH) dans les formations sanitaires publiques (hôpitaux généraux, centraux, régionaux et de district). Animée par les techniciens du génie-sanitaire, cette unité est placée sous l’autorité du responsable de la formation sanitaire concernée, et est chargée de la mise en œuvre des mesures de prévention et de lutte contre les infections nosocomiales ainsi que de la promotion de la salubrité environnementale dans la formation sanitaire. Ce texte précise également que les ressources destinées au fonctionnement et à l’équipement technique de l’UHH sont supportées par le budget de la formation sanitaire.

Bien plus, l’arrêté du 15 octobre 2012 fixe les conditions de gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques, à travers surtout l’article 4 (1), qui stipule que chaque hôpital doit mettre en place un système interne de gestion écologiquement viable des déchets produits. Selon l’article 6 de cet arrêté, les déchets médicaux sont classés, dès leur génération, selon les catégories et mis dans un contenant, selon les modalités suivantes :

* contenants résistants et étanches de couleur rouge pour les déchets potentiellement infectieux, les produits et dérivés sanguins à usage thérapeutique incomplètement utilisés, avariés ou périmés ;

contenants solides et hermétiquement fermés de couleur jaune pour les déchets piquants ou tranchants ;

contenants résistants et étanches de couleur marron pour les déchets de médicaments et produits chimiques, les déchets génotoxiques et à forte teneur de métaux lourds ;

contenants de couleur blanche non transparent pour les organes et tissus humains ;

contenants résistants et étanches de couleur noire pour les déchets assimilables aux déchets ménagers.

Il faut aussi noter que le remplissage de ces sacs ne doit pas dépasser les trois quarts de leur capacité et ils doivent porter l’étiquette de la provenance et la date de la première mise en sac (article 7). Les articles 10 à 16, quant à eux, ressortent les obligations liées au transport des déchets médicaux et pharmaceutiques, tandis que les articles 17 à 21 stipulent que les déchets médicaux et pharmaceutiques des catégories 1 et 2 sont traités et éliminés selon les procédés appropriés.

La stratégie nationale de gestion des déchets hospitaliers

Elle repose sur trois principaux documents, à savoir : la stratégie nationale de gestion des déchets, la stratégie nationale de santé et d’environnement et la stratégie nationale sur la sécurité des injections et la gestion du matériel d’injections.

Élaborée en 2007 par l’ex-Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP), la stratégie nationale de gestion des déchets dénonce, dans sa partie diagnostic, l’insuffisance de la gestion et du traitement des déchets hospitaliers, qui sont très souvent rejetés dans la nature ou alors mélangés aux ordures ménagères. Ensuite, cette stratégie formule une catégorisation des différents types de déchets avant de spécifier la chaîne de gestion de ces déchets, qui peuvent être gérés : soit par régie; soit par concession.

Élaborée en 2002 par l’OMS, la stratégie nationale sur la sécurité des injections et la gestion du matériel d’injections met l’accent particulier sur la collecte et la destruction du matériel d’injection utilisée. L’énoncé 5 de cette stratégie stipule que « les seringues et aiguilles utilisées devront être immédiatement jetées ensemble dans des réceptacles appropriés notamment dans les boite de sécurité ». Par la suite, l’énoncé 6 affirme qu’« en aucun cas, le matériel d’injection ne devrait être jeté dans les poubelles ou décharges publiques ». Et l’énoncé 7 annonce que « la méthode de destruction du matériel d’injection est l’incinération à haute température et l’enfouissement des résidus à la combustion dans une fosse ».

Mise sur pied en 2003 par le Ministère de la Santé publique, la stratégie nationale de santé et d’environnement n’a pas spécifiquement mis l’accent sur les déchets hospitaliers, mais elle insiste sur la promotion de l’hygiène et de l’assainissement en milieu hospitalier.

Les acteurs institutionnels de la gestion des déchets solides hospitaliers au Cameroun :

Ils se regroupent en deux grands groupes d’institutions, qui veillent à l’application et à l’opérationnalisation du cadre juridique et des différentes stratégies nationales sus-évoqués, pour éviter ainsi tous les types de risques potentiels, à savoir :

  • les institutions d’orientation, de planification et de contrôle, qui sont: le Ministère de la Santé publique (MINSANTE) et le Ministère de l’Environnement, de la protection de la nature et du développement durable (MINEPDED);

  • les institutions et organismes d’exécution et de gestion, qui regroupent : les formations sanitaires concernées, les collectivités territoriales décentralisées (CDT) et les partenaires au développement.

Les facteurs profonds de la gestion inadéquate des déchets solides hospitaliers au CHUY

Au Cameroun, la politique nationale de santé est davantage centrée sur la création des hôpitaux, la lutte contre les maladies, et plus récemment aussi sur la couverture santé universelle. Aussi les manquements, observés au niveau de l’implémentation de la politique gouvernementale de gestion des déchets solides hospitaliers au CHUY, s’expliquent-t-ils par deux grands groupes de facteurs réels, à savoir : les facteurs endogènes et exogènes au CHUY.

Les facteurs endogènes de la gestion inadéquate des déchets solides hospitaliers au CHUY

Les facteurs endogènes sont les différents problèmes que rencontre le CHUY dans l’application de son propre système de gestion des déchets hospitaliers, notamment : les dysfonctionnements de l’unité d’hygiène hospitalière et les autres insuffisances constatées dans le processus de gestion des déchets solides dans cet hôpital.

Les dysfonctionnements de l’unité d’hygiène hospitalière du CHUY1

Dans le but de mieux implémenter le plan de gestion des déchets solides dans les hôpitaux du Cameroun, deux textes ministériels instituent la mise en place d’une unité d’hygiène hospitalière (UHH) dans chaque hôpital, à savoir : la décision du MINSANTE du 24 avril 2006, et surtout l’arrêté du MINEPDED du 15 octobre 2012, dont l’article 4 (1) stipule que chaque hôpital doit mettre en place un système de gestion comprenant : « une unité chargée de la gestion de ces déchets, un personnel qualifié et formé à l’exercice des activités de gestion, un registre qui met à jour la quantité, la catégorie, l’origine des déchets produits collectés, stockés et éliminés et un matériel adapté pour le conditionnement sans risque des déchets ». Cependant, E. Z. Endeme T. (2011 : 122-123) a observé un dysfonctionnement généralisé des unités d’hygiène hospitalière (UHH) de la ville de Yaoundé : « Dans la plupart des autres centres hospitaliers (certains hôpitaux de références, hôpitaux de district, centres de santé intégrés, cliniques, laboratoire…), les unités d’hygiène, lorsqu’elles existent sont non fonctionnelles dans la majorité des cas. » C’est le cas au CHUY, où trois principaux dysfonctionnements sont palpables, à savoir : l’absence du chef de l’UHH, le manque de formation du personnel y exerçant et le manque d’emballages adéquats pour les déchets solides hospitaliers. Un agent de l’UHH explique : « cette unité a fonctionné, il y’a plusieurs années et le responsable est allé en retraite. Depuis son départ, il n’a jamais été remplacé». En réalité, l’absence du chef de l’UHH au CHUY entraîne un dysfonctionnement du processus, dans la mesure où le chef de l’UHH est l’acteur principal de l’implémentation du processus de gestion des déchets au sein des hôpitaux.

L’absence d’emballages conformes pour les déchets solides hospitaliers au CHUY

L’absence d’emballages conformes pour les déchets solides hospitaliers au CHUY

Bien plus, contrairement à la décision du 24 avril 2006, qui exige l’organisation des séminaires de formation du personnel de chaque UHH, aucun personnel interviewé au CHUY n’a fait mention d’une formation en gestion des déchets solides hospitaliers. Tout se fait ici selon un canevas laissé sans explication par l’ancien chef de l’UHH. Au point que même les étudiants en stage de formation de 4è année à la FMSB de l’UY1 le confirment : « Nous n’avons reçu aucune formation ou explication en ce qui concerne la gestion des déchets et nous faisons uniquement comme nous le voyons faire par nos formateurs ». Ceci démontre aussi que la gestion des déchets hospitaliers n’est pas la priorité dans le processus de formation des futurs médecins, comme le précise cet autre étudiant-stagiaire : « jusqu’à ce niveau (niveau 4), nous n’avons pas eu de cours en ce qui concerne la gestion des déchets ». En conséquence, il serait difficile de prévenir les risques liés aux déchets solides dans nos hôpitaux, où les médecins sont les principaux managers.

Par ailleurs, dans le cadre de ses activités quotidiennes, l’UHH doit tenir un registre mettant à jour les quantités de déchets produits en fonction des catégories. À partir de ce registre, l’UHH peut évaluer la quantité d’emballages plastiques conformes nécessaires à la collecte des déchets solides. En conséquence, les déchets solides hospitaliers ne seront pas exposés à l’air libre et à la portée tout le monde. Malheureusement, lors de notre enquête de terrain, le personnel de l’UHH du CHUY s’est plaint de la rupture du stock d’emballages conformes. Ce qui rend difficile l’acheminement des déchets des salles de soins vers le lieu de stockage.  Aussi avons-nous observés des déchets dangereux trainant parfois sur le sol tout au long du chemin menant au lieu de stockage des déchets solides, comme le montre la photo 1 ci-dessous. Nous avons également constaté que dans les salles de soins, les déchets se conservaient dans des cartons d’emballages de médicaments avant leur acheminement vers le lieu de stockage, alors que ces déchets doivent être conservés dans des emballages plastiques et identifiables par les enseignes inscrits sur chaque emballage.

En somme, ces différents dysfonctionnements observés au sein de l’UHH du CHUY entraînent des manquements dans l’implémentation du processus de gestion optimale des déchets solides hospitaliers.

Les autres insuffisances constatées dans le processus de gestion des déchets solides au CHUY

D’après l’enquête de terrain réalisée au CHUY, cinq principales insuffisances ont été constatées dans le système interne de gestion des déchets solides hospitaliers, à savoir : le tri non-systématique des déchets ; la non-conformité du lieu de stockage ; l’incinération des déchets à l’air libre ; la non-conformité de l’incinérateur et la non protection de la fosse d’enfouissement.

Conformément à l’article 6 de l’arrêté MINEPDED du 15 octobre 2012, au cours du tri, le personnel de l’UHH procède à la classification des déchets selon leurs spécificités, afin de faciliter leur traitement. Les différentes catégories de déchets doivent avoir des emballages spécifiques et des couleurs distinctes pour les différencier immédiatement, et éviter ainsi tout contact avec ces déchets. Cependant, dans la pratique, le tri des déchets solides ne se fait pas de manière systématique au CHUY. En effet, lors de notre observation directe, nous n’avons pas observé des emballages de plusieurs couleurs selon la catégorie des déchets, et les déchets contenant du sang (qui sont potentiellement dangereux pour les fouilleurs, les agents chargés de la collecte et du traitement) sont exposés à l’air libre et dans des bacs d’ordures ménagères, comme le montre les photos 2 ci-dessous.

Qui plus est, au CHUY, le lieu de stockage des déchets ne respecte pas les critères de protection de la santé et l’environnement. Car, ce lieu de stockage est d’abord accessible à tous, et même aux animaux errants (photo 3). Ce qui accroît les risques de contamination dus aux déchets solides hospitaliers. Ensuite, le stockage se fait ici de manière prolongée, c’est-à-dire en moyenne toutes les deux semaines : « les déchets sont incinérés deux fois par mois, c’est à dire toutes les deux semaines». Or, la durée standard de stockage des déchets est de 48 heures durant la saison des pluies et 24 heures durant la saison chaude (World Bank Group, 2007). C’est donc dire que la durée de stockage des déchets au CHUY ne respecte pas aussi les standards internationaux, dans la mesure où leur stockage est prolongé, entraînant ainsi le développement des microorganismes potentiellement dangereux pour la santé humaine et l’environnement. Par ailleurs, l’on note également le non- respect du lieu de stockage des déchets solides par certains agents d’entretien : « le dépôt des déchets dangereux doit se faire uniquement au lieu de stockage près de l’incinérateur, or certains agents se permettent de les déposer près des bacs à ordures ménagères.».

La 3è insuffisance endogène expliquant la gestion inadéquate des déchets solides hospitaliers au CHUY est l’incinération à l’air libre des déchets solides hospitaliers. Bien qu’il y’ait un incinérateur au CHUY, les déchets y sont toujours incinérés à l’air et à même le sol. Ce type de traitement des déchets entraîne des méfaits considérables sur la santé humaine et l’environnement, dans la mesure où nous avons observés dans les cendres de ces déchets des plaquettes de médicaments, des flacons des médicaments, des emballages plastiques et cartons, et surtout des thermomètres, qui contiennent pourtant du mercure (photo 4).

En outre, le CHUY possède bel et bien un incinérateur et une équipe technique en charge du traitement et de l’élimination finale des déchets solides hospitaliers. Toutefois, le CHUY ne possède pas d’agrément ni de visa pour le traitement des déchets solides hospitaliers. Car, selon le chef de la Brigade des Inspections au MINEPDED : « aucun hôpital au Cameroun ne possède un visa ou un agrément pour le traitement de leur déchets ». En effet, la demande de visa se fait à la demande de l’hôpital concerné, lorsque ce dernier juge ses installations conformes aux normes de gestion durable des déchets.

Par ailleurs, la particularité de la fosse d’enfouissement du CHUY est qu’elle n’est pas identifiable, aucune signalisation ne permet de la localiser. Ce qui peut entrainer des accidents pour les animaux errants et les fouilleurs, qui peuvent s’y retrouver à la tombée de la nuit (voir photo 5 ci-dessous)

Enfin, le CHUY ne dispose que d’un seul incinérateur, comme seul équipement de traitement des déchets. Pourtant, il existe d’autres dispositifs de gestion durable des déchets, comme le crématorium, qui est indispensable pour le traitement des déchets anatomiques. Or, le CHUY, qui n’en possède pas, est obligé d’incinérer ces déchets anatomiques. Ce qui comporte des risques graves, lorsque le degré d’incinération n’est pas atteint. C’est également le cas pour les déchets piquants et tranchants qui sont incinérés à l’air libre, lorsque l’incinérateur est en panne. Pourtant ces déchets doivent être traités par encapsulation ou à partir d’un broyeur à aiguilles, que le CHUY ne possède pas.

Les facteurs exogènes de la gestion inadéquate des   déchets solides hospitaliers au CHUY

Les facteurs exogènes sont les causes profondes extérieures au CHUY, qui sont davantage liés à la hiérarchie de cet hôpital, chargée de la supervision de l’implémentation d’une gestion adéquate des déchets. Il s’agit, dont : du manque de missions contrôle, du manque des séminaires de formation et d’une quasi absence de sanctions vis-à-vis des hôpitaux délinquants.

Le manque des missions de contrôle de la tutelle :

Les missions de contrôle de gestion des déchets sont les opérations, à travers lesquelles les responsables de tutelle des hôpitaux (MINSANTE, MINEPDED) descendent sur le terrain, afin de vérifier la conformité de la gestion des déchets hospitaliers aux normes en vigueur sus-évoquées. Or, dans la pratique, il n’est théoriquement organisé que deux missions de contrôle par an. Avant la descente sur le terrain, l’hôpital est informé de la date de passage de la mission de contrôle. Ensuite, le jour de la mission, les inspecteurs du MINEPDED ou du MINSANTE procèdent au contrôle de l’effectivité du tri dans les salles de productions des déchets pour apprécier les couloirs de transport des déchets. Les opérations de contrôle se poursuivent par la vérification de la disposition des déchets dans les lieux de stockage et la mise en marche des incinérateurs. Ce processus se termine par la pesée des mâchefers, le dressage d’un procès-verbal et des recommandations pour l’amélioration de la qualité de gestion des déchets. Nonobstant ce canevas bien établi, il ressort qu’« aucun hôpital à Yaoundé ne possède ni visa, ni agrément pour la gestion des déchets. Et aucun hôpital public ne possède les infrastructures et équipements appropriés pour la gestion durable des déchets hospitaliers produits », selon le MINEPDED.

Le manque des séminaires de formation en gestion des déchets hospitaliers

D’après l’enquête de terrain au CHUY, aucun personnel interrogé n’a participé à un séminaire de formation sur la gestion des déchets hospitaliers organisé par la direction de l’hôpital ni par le MINSANTE ou le MINEPDED. Or, les séminaires de formation permettent aux responsables et aux personnels des UHH de savoir les risques potentiels et les méfaits d’une gestion non durable des déchets solides hospitaliers sur la santé humaine et l’environnement, ainsi que les différentes sanctions encourues pour non-respect des normes en vigueur.

L’ineffectivité des sanctions à l’encontre des hôpitaux délinquants

Dans le souci contraindre les hôpitaux au respect des normes de gestion écologiquement viable des déchets produits, l’article 82 (1,2) sus-évoqué la loi-cadre de 1996 prévoit des sanctions pénales et civiles. Mais, dans la pratique, bien que les faits palpables montrent que le CHUY ne respecte pas ces normes, cet hôpital-école n’a jamais été sanctionné par sa tutelle. Pourtant, deux missions de contrôle y sont faites chaque année par les différents ministères de tutelle.

En somme, la gestion des déchets solides hospitaliers pose un problème réel de santé publique et de protection de l’environnement au sein du CHUY. Au point qu’il est important de questionner les risques potentiels liés à cette gestion inadéquate et leurs méfaits sur la santé humaine et l’environnement

Les risques liés à la gestion inadéquate des déchets solides hospitaliers au CHUY et leurs méfaits sur la santé et l’environnement

Dans son étude sur les déchets hospitaliers dans quatre villes ouest-africaines, M. F. Mbengue (1998) observe que « la gestion des déchets hospitaliers était désespérante, chaotique et représentait un danger permanent pour l’homme et son environnement. ». Dans le même ordre d’idées, l’observation directe et les entretiens réalisés au CHUY démontrent que la gestion des déchets ne se fait pas ici de manière durable. Ce qui entraîne des méfaits sur la santé humaine et l’environnement. Mais avant d’en parler, relevons tout d’abord les risques potentiels y relatifs.

Les risques liés à la gestion inadéquate des déchets solides hospitaliers au CHUY

D’après les résultats de notre enquête de terrain, le CHUY subit quatre grands types de risques liés aux déchets solides hospitaliers, à savoir : les risques infectieux, de pollution, psycho-émotionnels et mécaniques.

Les risques infectieux

Ils peuvent être subdivisés en trois groupes, à savoir : les accidents d’exposition au sang, les risques toxicologiques et radioactifs.

Les risques infectieux sont des dangers potentiels en cas de contact avec les déchets souillés par le sang ou par les germes des malades infectés. C’est le cas des accidents d’exposition au sang (AES), qui entraînent souvent des maladies virales (hépatites B et C, VIH, maladies microbiennes et parasitaires, infections nosocomiales). Les risques infectieux peuvent aussi être liés aux médicaments, aux réactifs utilisés dans les laboratoires et aux produits cytologiques utilisés en chimiothérapie, aux produits de décontamination ou de désinfection : on parle des risques chimiques ou toxicologiques. À cet effet, les produits chimiques doivent être répertoriés, leur emploi précis et leur élimination doivent être réglementés. Les risques infectieux peuvent entraîner également les risques radioactifs (l’irradiation et la contamination). L’irradiation se produit par le biais des produits utilisés dans la médecine nucléaire. La contamination, quant à elle, passe par le biais des substances radioactives contenues dans les déchets à forte teneur de métaux lourds (le mercure du thermomètre).

Les risques de pollution

Ils se rapportent à l’eau, au sol et à l’air contaminés par des déchets solides hospitaliers se trouvant dans une décharge non contrôlée. L’incinération de ces déchets dégage des fumées noires, riches en métaux lourds et polluants gazeux divers (néfastes sur la santé humaine et l’environnement).

Les risques mécaniques

Ce sont des risques de coupure et de blessure par les déchets piquants ou tranchants. La présence de ce type de déchets au sein du dispositif de collecte peut mettre en jeu la sécurité du personnel de manutention et de traitement, voire des fouilleurs et des animaux errants.

Les risques psycho-émotionnels

Ils correspondent aux craintes générées par la vue de certains déchets hospitaliers reconnaissables (seringues, poches de sang, cathéters, pansements, etc.). Ils peuvent être aggravés en cas de contact cutané avec ces déchets.

Les méfaits de la gestion inadéquate des déchets solides hospitaliers sur la santé

D’après les résultats de notre enquête de terrain, la gestion durable des déchets produits ici entraine plusieurs méfaits sur la santé humaine, à l’instar des maladies infectieuses, respiratoires, parasitaires et des irritations diverses.

Les maladies infectieuses

Ce sont des maladies contractées à partir du contact avec les déchets contaminés (accidents d’exposition au sang, blessures provoquées par des objets piquants et tranchants), comme : le VIH et les hépatites virales.

Les maladies respiratoires

Ce sont les maladies contractées à partir de l’inhalation des gaz toxiques issus de l’aspiration des odeurs issues des décharges non contrôlées des hôpitaux, des cendres ou des composés organiques volatiles (COV) issues de l’incinération des déchets solides hospitaliers. Les particules aspirées vont se déposer dans les muqueuses de la cage thoracique créant ainsi des maladies respiratoires (toux, bronchite, infections pulmonaires, crises d’asthme). En plus des effets sur les voies respiratoires de l’homme, les COV peuvent aboutir à une certaine gêne olfactive avec des effets mutagènes et cancérigènes.

Les maladies parasitaires et les irritations diverses

Les maladies parasitaires (fièvre typhoïde, vers intestinaux, choléra) sont issues des micro-organismes, qui se développent à partir des décharges non contrôlées ou des déchets emportés par les pluies et polluant ainsi l’eau des environs utilisée par la population. Les populations peuvent aussi être contaminées à partir des fouilleurs de décharges et des animaux errants, qui transporteront les germes à leurs domiciles respectifs, et la chaîne de contamination se poursuivra. Notons aussi les irritations diverses dues au développement des gaz toxiques (irritations cutanées et des voies respiratoires entraînant à la longue des cancers).

Les méfaits de la gestion inadéquate des déchets hospitaliers sur l’environnement

Les résultats de l’enquête de terrain ressortent trois principaux types de méfaits, à savoir : la dégradation des sols, la pollution de l’eau et la pollution de l’air.

La dégradation du sol

Sur le plan environnemental, la gestion non durable des déchets solides hospitaliers entraîne la pollution des sols, à travers les déchets déposés à même le sol à la merci des intempéries. Lorsque les déchets solides hospitaliers s’accumulent durant plusieurs jours, ils se développent des toxines, qui s’infiltrent dans le sol. Et au contact avec l’eau, il se forme un acide, appelé acide sulfurique, qui contribue à la dégradation des pierres luttant contre les érosions. Ce qui entraîne l’appauvrissement et l’infertilité de ce sol. La pollution du sol peut aussi être due aux déchets enfouis dans le sol sans respect des normes en vigueur, qui peuvent enfin développer des toxines dangereuses pour le sol et la nappe d’eau phréatique.

La pollution de l’eau

La pollution de l’eau peut résulter d’abord des déchets déposés ou enfouis dans le sol, qui favorisent le développement des micro-organismes nocifs, qui peuvent s’infiltrer et contaminer la nappe d’eau phréatique de la zone d’implantation de la formation hospitalière. La pollution de l’eau peut également provenir de l’incinération des déchets solides à l’air libre.  Avec les vents, les cendres toxiques issues de cette incinération peuvent s’éparpiller dans la nature et se déposer dans des puits ou des rivières utilisées par la population.

La pollution de l’air

Elle provient de la montée des fumées issues de l’incinération des déchets solides hospitaliers. La combustion de chaque déchet solide dégage un gaz, qui monte dans l’atmosphère lorsque les fumées ne sont pas filtrées (monoxyde de carbone, ozone troposphérique, oxyde d’azote, composés organiques volatiles). Par conséquent, ces gaz entraînent différents types de pollutions, qui contribuent à la destruction de la couche d’ozone, avec pour conséquences le changement climatique et la destruction de l’écosystème.

Conclusion

Au terme de cette étude, force est de constater que le système actuel de gestion des déchets au CHUY est loin d’être satisfaisant, malgré les normes en vigueur et les sanctions applicables en cas de leur non-respect. Bien que le CHUY dispose d’une UHH, l’absence d’un chef à la tête de cette structure contribue à l’inorganisation du système interne de gestion des déchets hospitaliers. Bien que les déchets soient parfois triés ici, ils ne sont pas emballés ni traités convenablement. Bien que le CHUY dispose d’un incinérateur, le budget insuffisant alloué à son fonctionnement favorise l’incinération des déchets à l’air libre. Tous ces manquements observés exposent le personnel, les usagers et les riverains du CHUY aux risques et méfaits sur la santé humaine et l’environnement. Aussi la DG du CHUY doit-elle faire nommer un chef de l’UHH, qui puisse implémenter au quotidien le plan interne de gestion durable des déchets solides hospitaliers. Et les instances de contrôle et de supervision (MINSANTE, MINEPDED) doivent-elles également multiplier les missions de contrôle et appliquer les sanctions prévues pour contraindre le CHUY à respecter les normes en vigueur. Voilà les deux grands prix à payer pour y favoriser une gestion durable des déchets solides hospitaliers, et pour que ce papier sociologique ne reste pas que pure spéculation (É. Durkheim, 1986 : 38-39).

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Lecteurs ou Correcteurs:

1. Prof BOYONGOK Moussa, Recteur IUDI.

2. Prof TAGOU Célestin, Vice-Recteur à l’Université protestante d’Afrique centrale (UPAC),